Mascha
«Je n’ai pas le temps de rappeler les impayés. Je préfère de loin consacrer ce temps-là au processus de création »

Son animal-totem serait le chat. Ses gestes sont fins, sa voix posée et elle se déplace rapidement à pas feutrés. Pourtant c’est avec les chevaux qu’elle se sent le mieux et elle en a fait son métier. Artiste équestre depuis plus de dix ans après avoir vécu tant d’autres vies, Mascha a fondé la compagnie Tiguidap. Son parcours professionnel, elle le mène au même rythme que son débit de parole : à vive allure.


 

Mascha

Artiste équestre

 

 




Interview

Artiste équestre, ça signifie quoi exactement?

En réalité, il y a plusieurs branches à mon métier, avec un tronc commun qui serait le mouvement. Que ce soit dans mes activités de coaching en entreprises, de formation de cavaliers professionnels ou lors de mes spectacles, j’exprime le mouvement. Tant au travers du cirque que du théâtre ou de la relation corps ou au cheval en général. 

Je gère également la comm’ de ma compagnie – la promotion et la gestion – et tout le processus créatif, de l’écriture à la création des costumes et accessoires.   

J’ai conscience de l’opportunité d’expression que m’offre mon métier, autant sur le plan visuel que mental ou émotionnel. J’ai conscience de l’impact que peuvent avoir mes paroles en tant qu’artiste et personnalité publique. Je trouve donc primordial de transmettre les valeurs qui me sont chères. 

"J’ai conscience de l’opportunité d'expression que m’offre mon métier, autant sur le plan visuel que mental ou émotionnel."

Quel est ton parcours?

J’avais 6 ans quand j’ai commencé le sport en compétition, la danse classique, l’équitation et le théâtre. J’ai suivi plusieurs formations, notamment à l’IATA et au conservatoire de Jambes. Puis j’ai arrêté l’école, emportée par le tourbillon rock’n roll de ma vie et je suis partie voyager seule.  

J’ai appris plein de choses grâce à cette vie-là, j’étais très punk…alternative, voire marginale. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, mes valeurs se sont construites et ancrées à ce moment-là.  

Un jour, à la frontière espagnole, j’ai rencontré une artiste sans abri dans la rue. Elle m’a dit: «Rentre chez toi et fais des études. Deviens qui tu veux. Ne laisse pas ta liberté te manger». Je suis remontée en stop en Belgique le lendemain.  

J’ai passé le CESS en jury central par correspondance à 22 ans, puis je suis allée en haute école en tourisme et communication. J’y ai obtenu mon diplôme avec distinction.

J’ai d’abord travaillé comme attachée de presse dans l’organisation de festivals de jazz pendant 3 ans. J’adorais ce métier.  

Les chevaux me manquaient beaucoup, mais je ne savais pas comment y revenir.  

Un jour, je croise un ancien prof dans le tram. Il me demande ce que je fais. Moi, j’étais très fière de lui raconter. Mais il me répond: « Tu vas rater ta vie si tu ne deviens pas artiste! » et il me tend un fascicule de Vocatio, la Fondation Belge de la Vocation, qui offre des bourses pour des projets artistiques, culturels ou sociaux.  

Dès que je l’ai lu, j’ai su que j’allais l’avoir! J’ai passé le concours et décroché la bourse pour mon projet « Rêve de Centaure ». Je suis alors partie dans le sud de la France. Après pas mal de péripéties, j’ai rencontré Laurent Douziech, qui fait partie de ceux grâce à qui j’exerce aujourd’hui mon merveilleux métier.  

Il m’a formée en voltige cosaque, dressage de cirque et spectacle équestre. Toujours grâce à lui, j’ai rencontré mon cheval, Le Poilu.  

On m’a ensuite proposé une place d’artiste en résidence au Haras national de Tarbes. J’y suis restée 2 ans et j’ai travaillé avec des grands noms comme Gilles Fortier de la compagnie Zarkam, les Fils du vent, ou les artistes de la tournée Européenne Appasionata, avec qui je suis partie jouer à Prague. 

Je suis revenue en Belgique pour un problème de santé. J’ai mis trois mois avant de faire rapatrier mon cheval. J’attendais de pouvoir l’accueillir dans de bonnes conditions. Je voulais trouver une écurie qui corresponde à mes valeurs de respect animal et où le cheval pouvait avoir un accès quotidien au pré, ce qui n’est pas facile à Bruxelles. 

En 2012, j’ai fondé la compagnie Tiguidap. A peine trois ans plus tard, on jouait dans tous les gros festivals belges: LaSemo, Esperanzah, au festival de Chassepierre, etc.

"Les chevaux me manquaient beaucoup, mais je ne savais pas comment y revenir.  "

Qu’est-ce qui guide ton agenda et tes créations ?

Quand on fait d’un animal son partenaire de scène, une question se pose sans cesse: où est la limite du show must go on ? Le respect des limites physiques et émotionnelles d’un être sensible qui ne les exprime pas comme soi. Le sujet est vaste et délicat. 

J’ai rencontré Le Poilu quand il avait 11 ans. Il avait des séquelles physiques et émotionnelles de son douloureux passé. En voyant ce que nous faisions tous les 2, avec un cheval « qui n’était pas fait pour ça », pas mal de monde a commencé à me demander des cours. Je ne souhaite pas en faire mon activité principale, car je préfère la vie d’artiste. Mais je donne cours avec cœur et passion, car améliorer la communication humain-cheval, c’est donner des outils qui peuvent démanteler la violence, tout en améliorant la connaissance de soi. C’est ma façon de changer le monde. Mais c’est aussi une manière de remercier les chevaux de ce qu’ils m’ont permis de devenir à leur contact. 

A côté des spectacles équestres, j’ai beaucoup d’autres activités artistiques: mise en scène, décors, costumes, écriture…Et grâce à mes études et à mon passé professionnel, j’ai aussi le super pouvoir de gérer la communication, la vente des spectacles, la gestion clients, la prospection, etc. J’ai suivi pas mal de formations, chez Smart et ailleurs, afin de pouvoir gérer moi-même ma compagnie. Car l’autogestion, c’est la liberté. Et la liberté, c’est la base. 

Le voyage est une autre de mes passions. J’ai entre autres joué à Beyrouth avec Luc Petit, j’ai joué un mois en Chine et je reviens tout juste d’une tournée à la Nouvelle-Orléans en auto-production.

"J'ai suivi pas mal de formations, chez Smart et ailleurs, afin de pouvoir gérer moi-même ma compagnie."

Pourquoi Smart?

Certains disent que c’est trop cher chez Smart. Je pense qu’ils sont mal renseignés. Personnellement, j’ai plusieurs raisons d’y être et d’y rester. 

D’abord parce que je peux facturer à 0% mes cours à des pros, à 6% mes activités artistiques et à 21% quand je fais du loisir. Je n’ai pas trouvé d’autre endroit où l’on puisse aussi facilement faire les trois.

Ensuite, parce que le service de recouvrement de dettes m’est nécessaire. Je n’ai pas le temps de rappeler les impayés. Je préfère de loin consacrer ce temps-là au processus de création.

Et simplement parce que déclarer via Smart est facile et rapide. Je peux noter mes prestations en quelques clics sur mon téléphone et aisément faire passer des notes de frais. 

"Certains disent que c’est trop cher chez Smart. Je pense qu’ils sont mal renseignés. Personnellement, j’ai plusieurs raisons d’y être et d'y rester. "