Isabel Dominguez Garces
Mon activité professionnelle basée sur ma passion

L’union du corps et de l’esprit dans l’entreprise partagée ! Restorative yoga, Hatha yoga, yoga Nidra, Karma yoga, Nada yoga… Elle dédie tout son temps à l’enseignement, Isabel Dominguez Garces propose des séminaires de formation et des cours de yoga depuis une dizaine d’années. Barcelone est sa ville et son tremplin, mais c’est en Inde, en Écosse à Edimbourg, et enfin à Bruxelles qu’Isabel s’est établie pour transmettre ses connaissances et partager son expérience… du yoga et surtout des yogas, au pluriel. Ses cours ne désemplissent plus, tout comme ses séjours de formation sous le soleil catalan.


 

Isabel Dominguez Garces

  • Professeur de yoga
  • 37 ans
  • Exerce en Belgique et en Espagne
  • Inscrite chez Smart depuis 2013



Interview

La demande de yoga ne cesse de grandir actuellement. Comment y êtes-vous venue ?

J’ai commencé le yoga il y a 17 ans alors qu’à cette époque, ce n’était pas à la mode du tout. Personne ne parlait de yoga, ou très peu. J’ai très vite accroché à cette pratique parce que j’ai senti immédiatement une connection très forte avec mon corps. J’ai ressenti cela presque comme une ivresse positive, avec des effets secondaires qui te font te sentir tellement bien ! La société dans laquelle nous vivons ne nous permet pas une telle symbiose, une harmonie avec soi-même. Nous devons penser à tellement de choses, nous sommes face à l’injonction doing en permanence, nous devons trop faire. Je n’ai pas commencé le yoga pour son aspect thérapeutique comme beaucoup de gens, ou face à des situations de burn out. Pour moi c’est cette harmonie, cette connection avec tout son être qui a fait sens.

Pratiquer pour soi puis commencer à donner des cours, c'était une suite logique ?

Depuis toute petite, j’ai toujours voulu instruire. J’aime les relations interculturelles et enseigner est une passion. Et puis petit à petit, ne sachant pas encore vraiment vers quel métier m’orienter, et ayant eu cette connexion spéciale et forte avec le yoga, c’est venu à moi tout naturellement. J’ai voulu transmettre cette découverte, donc j’ai d’abord suivi ma première formation de professeur en Espagne, puis en Inde dans des ashrams, et j’ai continué à Londres et Edimbourg un peu plus tard. Encore aujourd’hui je prends des cours, je perfectionne ma pratique, je n’ai jamais arrêté de me former. Dernièrement, j’ai appris et commencé à enseigner le Restorative yoga, qui est le thème principal de mes nouveaux ateliers.
D’un autre côté ça fait 7 ans que j’enseigne le yoga Nidra. C’est le yoga du sommeil éveillé, une méditation qui se pratique allongé sur le dos. Elle est très bénéfique mais pas encore très connue en Occident.

"Yoga signifie « union »"

Il y a tant de termes et de variations… quelles différences y a t il entre les yogas ?

L’Inde étant un pays gigantesque, il y a différentes écoles et façons de le pratiquer qui se sont développées, mais toutes viennent d’un même yoga au départ. La finalité est toujours d’atteindre une harmonie entre le corps et l’esprit et, dit autrement, d’atteindre l’union entre la conscience de soi et la conscience universelle. D’ailleurs yoga signifie « union ».
Il y a différents types de yogas mais aussi différents chemins. On confond parfois les deux. Les différents types sont très nombreux, chaque personne trouvera celui qui convient le mieux. Entre beaucoup d’autres il y a le hatha yoga, iyengar yoga, kundalini yoga, restorative yoga…. Le yoga est une philosophie de vie et on peut atteindre un même résultat par différents chemins ou voies.

Il y a le Karma yoga, qui se concrétise dans tout travail bénévole, toute participation désintéressée.
Il y a le Bhakti yoga, le yoga de la dévotion, qui se pratique par le chant des Mantras.
Il y a le Raja yoga, qui est le plus connu ici en Occident, et qui se traduit par la concentration et le controle de l’esprit.
Il y a le Jnana Yoga, celui de la connaissance et la philosophie.

On peut appliquer le yoga à notre vie quotidienne. Dans la société, on croit qu’on est « connectés » parce qu’on a des outils pour être connectés aux autres et au monde, mais au final, on est beaucoup moins en phase avec la nature, dans une conscience universelle.

"C'est important que le yoga soit accessible à tous"

Sur votre site je lis cette phrase de Swami Shivananda Saraswati (*) « La méditation est la seule voie royale pour atteindre la liberté ». La seule voie, vraiment ?

Pour moi, le yoga physique, les asanas, n’a pas d’importance si on ne l’applique pas en parallèle avec un état de pleine conscience, méditatif. Méditer est très important pour le bien-être.
Je pratique, entre autres types de méditation, le yoga Nidra, qui se fait allongée sur le dos. On peut méditer sur une chaise aussi. Pour moi, c’est important que le yoga soit accessible à tous, il y a une idée préconçue et généralisée, à cause de l’image qu’on en donne dans les magazines, les médias ou les réseaux sociaux.
On pense souvent que le yoga ce sont des positions étranges et compliquées, où il faut mettre le pied derrière la tête ! Cela peut éloigner tout un public. Moi, je ne suis pas spécialement super-souple, je ne viens pas non plus d’un milieu de danseurs, et donc c’est pour cela que j’enseigne un yoga accessible, compréhensible, et qui trouve son public pour cette raison.

Sur le site web on trouve des explications, mais on peut aussi réserver ses cours. C'était un gros travail de mettre ça en place ?

On a beaucoup travaillé sur cet aspect. J’ai développé mon site par moi-même, avec l’aide de mon compagnon pour l’e-shop, les réservations etc. Par exemple, le fait que les gens payent à l’avance en s’inscrivant les incite à ne pas annuler de façon trop imprévisible. Et cette interface web me facilite beaucoup le travail car dès leur inscription tous les participants reçoivent un message de confirmation, automatiquement. La structure qui héberge le site prend d’ailleurs une commission pour cet outil.

Comment avez-vous développé votre activité professionnelle en arrivant en Belgique ?

Je suis d’abord passée par Bon (**), une association d’intégration pour étrangers, pour m’aider à m’intégrer à la société belge. Mon objectif était de pouvoir continuer mes cours de yoga. Ils m’ont orientée vers JobYourself, et durant 1 an et demi je me suis construit un réseau de relations, j’ai rencontré des gens aux mêmes centres d’intérêt, puis j’ai commencé mes cours et je me suis régularisée auprès du bureau de chômage. Bref j’ai beaucoup travaillé et, à la fin de ce parcours, j’ai eu le choix de devenir soit indépendante soit de m’affilier à Smart. Entrer chez Smart m’a donné l’occasion de pouvoir continuer à temps plein mon activité professionnelle basée sur ma passion.

"Smart en anglais et entreprise partagée"

Qu'est-ce qui a été le plus important pour vous chez Smart ? L'aspect coopération, l'accompagnement et les conseils, ou les solutions web de gestion ?

Ce que j’apprécie beaucoup chez Smart, c’est la variété des équipes de conseillers et des possibilités de communication en langue étrangère. A l’époque je ne maîtrisais pas encore le français et j’ai eu la chance de pouvoir commencer en anglais. Pour les étrangers, cet aspect du service est super !
Donc le support humain et de communication m’a beaucoup aidée au début, mais aujourd’hui il s’agit plus pour moi de l’aspect pratique et facilitateur des outils mis en place pour la gestion de mon activité. Moi je conseillerais Smart pour ces deux raisons. De toute façon, en tant que prof de yoga, les revenus sont trop maigres ou irréguliers pour prendre le statut d’indépendant. Avec Smart les risques pris sont moindres.

Contrats, factures, clientèle… La part consacrée à la gestion administrative, c'est long ?

C’est un peu de temps, quotidien, continu, mais je ne voudrais pas en faire plus.

"Le yoga, c'est aller vers le chemin du Juste Milieu"

Là ça tourne déjà fort bien… quels sont vos projets et développements pour l'avenir ?

Continuer mes cours hebdomadaires d’une part, et d’autre part développer plus de retraites de yoga.
Durant une heure et quart de cours, on n’a pas le temps de parler de la philosophie du yoga. Mais dans une retraite de plusieurs jours, on a la possibilité d’en consacrer plus de temps à d’autres aspects comme la méditation, la nutrition, le chant de mantras, la pleine conscience et le karma yoga. Je propose aux participants de ne pas trop utiliser leurs téléphones, de se rendre disponible à la rencontre de l’ici, où nous sommes corps et esprit. Il y a des musiciennes qui nous accompagnent (percussions, harmonium, harpe) pour la pratique du Nada yoga (yoga du chant et du son), nous avons le temps aussi d’intégrer certains ateliers artistiques en contact avec la nature. C’est très fort. Les participants sont très touchés au sortir de ces retraites. C’est un moment puissant où les gens se retrouvent eux-mêmes, prennent le temps de se dégager de leurs couches. Le vernis craque progressivement, et la personne réelle se révèle.

Pour retrouver du calme dans la tempête du monde ?

Le yoga, c’est aller vers le chemin du Juste Milieu. Et parfois, pour le retrouver, il faut se permettre de s’écarter de son chemin pour voir où on est, pour se recentrer, se connecter à soi et pouvoir revenir ensuite dans notre réalité avec une meilleure conscience de la façon dont nous habitons l’espace-temps. Nous pouvons mieux décider des moments où nous avons besoin d’éteindre notre téléphone, de profiter d’un moment avec soi et ce qui nous entoure. Sinon, lorsque nous sommes dans la spirale, le tourbillon permanent, notre cerveau n’est pas capable de fonctionner, de penser. Ces petits moments de retraite de yoga dans la nature nous permettent de regarder notre vie avec plus de distance. On revient alors avec un peu plus d’espace dans le cerveau. Du coup, on peut juger un peu plus, un peu mieux ce qui y rentre. Sinon nous sommes juste des marionnettes de la société. C’est important de dire « je veux ceci, je suis touchée par cela» ! J’essaye d’accompagner ce temps de recul et d’introspection dans un cadre sécurisé et bienveillant.

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(*) Swami Shivananda Saraswati était un maître spirituel hindou, né en 1887 et disparu en 1963, qui fut l’auteur de près de 300 livres sur le yoga et sur des dizaines de sujets socio-philosophiques ou artistiques. Le Hatha yoga était un de ses thèmes de prédilection.
(**) Bon : bureau d’accueil bruxellois d’intégration civique. www.bon.be