Lina De Munck
« Smart, c’est l’ingrédient en plus pour mes sauces »
Lina De Munck, vous la trouviez derrière un comptoir de Brussels Airport jusqu’aux attentats du 22 mars 2016. Le service clientèle, elle adorait ça: côtoyer l’humain sous toutes ses coutures et cultures. Mais impossible de retourner à ce poste-là avec la peur au ventre. Dotée d’un palais hyper affûté, de ses origines africaines et d’une enfance passée à observer les femmes de sa famille couper, émincer, pocher, dorer ou frire, Lina s’est relancée dans l’aventure culinaire et c’est Smart qui l’accompagne depuis 2019. Aujourd’hui, elle est la mère de Soulfood Mama, des sauces aussi savoureuses et relevées que sa personnalité.
Lina De Munck
Créatrice des sauces Soulfood Mama
Mons
Chez Smart depuis 2019
Interview
Elle est née en Afrique. La cuisine y est un moment de partage, on prépare et on déguste ensemble. Soit on invite, soit on est invité. Je me souviens de moments où on aidait à cuisiner ou alors à faire autre chose mais à être ensemble à papoter autour de ma tante qui dirigeait les opérations. Je me rappelle aussi que j’observais les gens manger et ma mère trouvait ça très impoli. Quand on est arrivés en Belgique, ma maman travaillait parfois en soirée aussi et je devais terminer de préparer le repas qu’elle avait entamé. J’ai été familiarisée très tôt aux odeurs, aux textures mais aussi aux températures. J’ai assez vite eu mon propre régime alimentaire, je suis sortie de tout ce qui était africain, indien, tanzanien pour apprécier des choses plus européennes. J’ai appris à manger des choses moins assaisonnées. Mon palet, je l’ai aiguisé toute seule.
"J’ai été familiarisée très tôt aux odeurs, aux textures mais aussi aux températures."
J’ai suivi des études de tourisme et management événementiel et, en parallèle, je voulais offrir des moments de qualité à des gens qui bossent. J’ai commencé à organiser des repas pour des amis et les retours étaient tellement bons que je me suis lancée dans l’organisation de dîners «clandestins». J’annonçais une date et un thème sur Facebook, je cuisinais pour six personnes à la fois maximum et le prix du menu était de douze euros…je dévoilais l’adresse deux heures avant le début de repas. Je partageais les expériences sur Instagram et j’ai rapidement eu une petite communauté assez enthousiaste de l’idée. Puis j’ai eu mon diplôme en 2015 et il a fallu que je gagne ma vie. J’ai commencé à travailler la même année comme agent de comptoir à Brussels Airport. Et il y a eu les attentats en 2016 qui ont marqué un grand tournant dans ma vie professionnelle et personnelle. Je suis retournée travailler encore pendant une petite année mais sans constance et j’ai donc quitté ce job. Je me suis retrouvée à la maison pour sortir de cet état d’alerte permanent. J’avais une routine figée. Et puis un jour, j’ai eu l’idée de créer des sauces pimentées en mangeant un plat africain. L’aventure de Soulfood mama a repris comme ça: j’ai eu envie de proposer un peu de ma cuisine chez tout le monde. J’ai designé les étiquettes, le logo, etc. La communauté qui me suivait déjà sur les réseaux sociaux réagissait bien à l’idée. Et puis j’ai déchanté en étant confrontée aux réalités de terrain: les réglementations Afsca et autres, l’administratif…
"J’ai commencé à travailler la même année comme agent de comptoir à Brussels Airport. Et il y a eu les attentats en 2016 qui ont marqué un grand tournant dans ma vie professionnelle et personnelle."
J’ai trouvé une couveuse d’entreprises (NDLR : Sace-asbl) qui a pu répondre à mes nombreuses questions et donné l’opportunité de tester mon activité tranquillement sans perdre mon droit au chômage et risquer la précarité. J’ai mis un pied à l’étrier et j’ai mis l’atelier que j’avais installé chez mes parents aux normes. J’ai eu un premier contrôle Afsca qui s’est très bien passé, réalisé mes étiquettes d’ingrédients et fait rentrer mes produits en labo avec des essais-erreurs. C’était parti, j’étais prête à vendre mes sauces.
C’est la Sace qui m’a parlé de Smart pour la poursuite de mon projet. J’ai eu d’autres bons échos et je trouvais confortable de ne pas devoir m’occuper de la comptabilité et de la TVA. J’ai donc suivi une session d’info et je me suis inscrite. J’ai très bien fait car le Covid est passé par là !
Smart, c’est la bonne formule, c’est l’ingrédient en plus pour mes sauces. Ça me sécurise beaucoup comme système et j’y vois plus d’avantages que d’inconvénients. La seule chose qui me manque, c’est une cohésion avec l’ensemble de la communauté Smart. C’est quelque chose d’important pour moi. D’ailleurs, Soulfood mama, ce n’est pas qu’une histoire de cuisine mais c’est un héritage à transmettre qui veut casser les barrières de l’indifférence et la peur de l’inconnu…ce serait bien d’avoir un marché des producteurs Smart !
"Smart, c’est la bonne formule, c’est l’ingrédient en plus pour mes sauces. Ça me sécurise beaucoup comme système et j’y vois plus d’avantages que d’inconvénients."
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