Revue de presse 08/2018

Info - 11/9/2018

Chaque mois, retrouvez une sélection (multilingue) d'articles sur le travail, la protection sociale, les technologies et le travail, l’art et la culture et l’économie sociale.

À lire en août

 


Sur l’objectif du dialogue social

#sécuritésociale #politiquebelge #politiquefrançaise

L’Écho s’est entretenu avec le ministre de l’Emploi Kris Peeters pour discuter du jobsdeal (voir revue de presse de juillet) et de l’actualité sociale déjà bouillonnante.

Kris Peeters y déclare vouloir renforcer la concertation sociale européenne pour gérer des dossiers comme Ryanair et Deliveroo.

En outre, il vise le plein emploi, et se focalise sur les 3% de chômage pour lesquels il faudra créer (ou trouver) 219.000 postes. Tout en résolvant la pénurie de candidatures chez les informaticiens, les infirmières et ingénieurs, en « activant » les chômeurs et les personnes relevant des CPAS grâce aux formations. Et, finalement, en encourageant les entreprises à favoriser la mobilité interne ainsi qu’entre entreprises par les formations de leurs employés.

Aux syndicats qui ont déclaré vouloir lancer des grèves, il répond : « Les syndicats doivent arrêter de lancer des actions politiques. Le rôle des partenaires sociaux, c’est de parler avec le gouvernement. »

Il ajoute qu’il veut impliquer les syndicats pour étudier le nouveau mécanisme de calcul des barèmes sur base de la productivité (au lieu de l’ancienneté). En outre, il défend la dégressivité de plus en plus rapide des allocations de chômage en disant que Di Rupo avait fait une proposition bien pire, et que la mesure actuelle serait neutre budgétairement.

Est-ce que cette bonne volonté que le ministre veut nous montrer est perçue comme telle par les syndicats?

Robert Vertenueil, président de la FGTB, déclare dans Le Soir que le gouvernement ne les écoute pas.

« La fixation des salaires (au profit de la performance et la productivité), l’accélération de la dégressivité du chômage, la limitation du crédit-temps pour les aménagements de fin de carrière, les nouvelles restrictions pour les prépensions lors de restructurations : une cascade de mauvaises nouvelles pour les travailleurs, pour les citoyens tout simplement. »

Jugeant ces mesures inacceptables, la FGTB annonce une grève nationale le 2 octobre.

De Tijd rapporte que la France, par le biais du Premier ministre Édouard Philippe, réduit ses dépenses de sécurité sociale car le logement, les allocations familiales et les retraites augmenteront moins que l’inflation en 2019. Le gouvernement envisage également de réduire les allocations de chômage au fil du temps. Des économies qui  pourraient encore réduire la popularité du président Emmanuel Macron selon le journaliste.


Sur les inégalités

#EqualPay #égalité #economiecollaborative #uberisation

Une étude du bureau Acerta s’intéresse aux salaires des jeunes en début de carrière.  Les résultats marquants tiennent aux fortes disparités en fonction du niveau scolaire et à l’écart salarial en défaveur des femmes qui est perceptible dès le début de la carrière.

Pour La Solidarité (PLS) partage une note sur le genre et la santé au travail qui confirme l’inégalité subie par les femmes. La liste des situations vécues montre une difficulté générale à affirmer les spécificités des femmes dans le monde du travail.

Une étude de Laurent Vogel, « La santé des femmes au travail en Europe » (2003), est citée pour parler des politiques européennes, qui se basent sur « le travailleur abstrait » mais leurs références sont implicitement celles du travail masculin.

Pour conclure sa note, Joséphine Bertrand de PLS démontre la fausse représentation des difficultés des tâches, du côté des employeur.euse.s comme du côté des employé.e.s. Des attitudes dévalorisantes, l’invisibilité des problèmes de santé féminins et les stéréotypes sexistes sont présents en entreprise et rendent une lutte pour la cause féminine difficile à mettre en place.

Le mensuel WIRED souligne que les personnes travaillant sur la transformation de notre société par l’intelligence artificielle (IA) ressemblent peu au monde que leurs inventions sont supposées promouvoir: les femmes ne sont que 12% à travailler sur des applications d’apprentissage automatique, et les minorités ethniques devraient également être mieux représentées.

Une professeure de l’Institut de technologie de Californie affirme que « les risques que les systèmes d’IA causent des dommages à certains groupes sont plus élevés lorsque les équipes de recherche sont homogènes ». Selon l’auteur de l’article, Microsoft et Facebook enseignent aux algorithmes une vision biaisée du genre. Les femmes dans la recherche sur l’IA disent également que le secteur est parfois peu accueillant et même hostile aux femmes, y compris par les remarques inappropriées ou le harcèlement.

Guido van Rossum, ‘Benevolent Dictator For Life’ van het opensourcesoftwareproject Python, wordt geïnterviewd in De Tijd. Python is de populairste programmeertaal van het moment omdat ze minder abstract is dan talen zoals  Java, JavaScript en C++. Van Rossum is het niet eens met de denktrend dat de nieuwe generatie moet kunnen programmeren en beaamt de noodzaak aan meer gendergelijkheid in de softwarewereld.

La ville de New York essaie d’améliorer les conditions de travail des chauffeurs utilisant des plateformes comme Uber. Elle a décrété un salaire minimum et oblige désormais les plateformes à partager avec les autorités de la ville un certain nombre de données sur les tarifs, les paiements et les commissions. Espérons que cela provoquera un effet domino dans le monde, et que la ville partagera les données reçues pour accroître la concurrence les transformant ainsi en un commun, utilisable par tous. Merci Martijn Arets, spécialiste de l’économie de plateforme, pour cette bonne nouvelle.


Sur les nouveaux modèles d’entreprises

#platformcoops #blockchain #freelances

Disrupting together est le titre d’un article et d’un rapport publiés par la New Economics Foundation, en collaboration avec NESTA. Le chercheur Duncan McCan parle des possibilités et des défis auxquels sont confrontés les plateformes coopératives, et énumère les recommandations suivantes pour accroître leur succès: « de nouvelles structures de financement, de la collaboration,  des formations, l’application vigoureuse de la réglementation existante, et enfin aider les consommateurs à comprendre l’impact du temps et de l’argent dépensé sur les plateformes établies et leur proposer des alternatives. »

Aux États-Unis, environ 17 millions de personnes, soit 12% de la main-d’œuvre, sont employées dans des entreprises appartenant à leurs travailleurs, et ce nombre devrait augmenter selon le Harvard Business Review. Les éléments à l’origine de cette augmentation sont les suivants : premièrement, les baby-boomers propriétaires prendront bientôt leur retraite et vendront probablement leur entreprise à des travailleurs pour assurer la viabilité économique des communautés locales. Deuxièmement, des études montrent que les entreprises ouvrières sont plus performantes, notamment en période de crise économique, et que les fonds d’impact social (impact investing) sont donc intéressés à les financer. Cependant, les informations sur les modèles hybrides de propriété et les avantages des entreprises à capitaux démocratiques doivent être davantage diffusées pour que le changement puisse avoir lieu.

Toujours dans le domaine des modèles d’entreprise, un article de Medium écrit par l’Australian RMIT Blockchain Innovation Hub décrit un réseau en forme de V comme un nouveau type de société, à côté des sociétés Unitary ou U-Form et Multi-division ou M-form décrites par le lauréat du prix Nobel d’économie Oliver Williamson.

« Un certain nombre de sociétés totalement indépendantes opèrent comme une seule entreprise intégrée verticalement grâce à la technologie blockchain, coordonnée et fournie par un tiers. » Chaque entreprise de la chaîne d’approvisionnement bénéficie de l’intégration verticale à travers un réseau plutôt qu’une hiérarchie. Les auteurs décrivent l’exemple d’IBM qui permet à tous les acteurs de la chaîne de production d’avoir confiance en ce registre blockchain (parfois traduit par : base de données distribuée). Ils considèrent que la sous-traitance de l’intégration verticale par le biais du blockchain constitue une option pour de nombreuses industries et que le gouvernement pourrait jouer un rôle central en construisant une confiance dans cette nouvelle forme d’organisation de l’économie.

Les Sud-Coréens s’intéressent au modèle de Smart. Lisez le compte-rendu de la visite de Sébastien Paule, responsable de l’innovation chez Smart, dans les articles (en coréen) sur les besoins des freelances en Corée du Sud, le Coop Tour dans le pays, un article sur la conférence “The future of work and increasing attention to worker cooperatives”, et Cooperatives are alternative enterprises in the fourth Industrial Revolution era.”


Sur le contenu créatif dans un monde digitalisé

#Droitsvoisins #internet #Europarl­­ FR #streaming

Euractiv s’est intéressé à la réforme européenne du droit d’auteur, permettant aux journalistes et aux producteurs de contenus créatifs d’être équitablement rémunérés dans la nouvelle jungle économique du monde numérique. L’un des articles de la réforme rendrait les plateformes juridiquement responsables des contenus protégés par le droit d’auteur et publiés sur le web par les utilisateurs.
Cela vous paraît simple ? C’est très compliqué.

Les opposants à la réforme craignent qu’elle ne conduise à la censure des plateformes de diffusion telles que YouTube, à la multiplication des fausses informations (car les infos validées de la presse n’apparaîtraient plus autant dans les flux publics), à la restriction des « mèmes » (citations culturelles virales sur internet), et des remixes de musiques par les internautes.

Très symptomatique et inhabituel : les libertaires du web (ceux qui depuis toujours se révoltent contre les régulations et la monétisation d’internet) se retrouvent ici associés aux énormes sociétés numériques (Google, YouTube, Twitter, Instagram, Soundcloud) contre ces décisions.

En revanche les journalistes, les studios de cinéma et les musiciens militent pour la réforme, estimant que « le libre accès au web perdurera parce que les géants de l’internet, qui utilisent désormais du contenu éditorial gratuitement, peuvent rembourser les médias sans demander aux consommateurs de payer. » Sur un modèle qui ressemblerait assez, dans le cas des journalistes, à la redistribution effectuée par les sociétés d’auteurs telles les Sabam ou Sacem.

Le résultat de ce débat sera connu le 12 septembre, quand les parlementaires européens se prononceront.

Game on dans l’industrie du streaming musical en tout cas.

Dans une tentative de concurrencer Spotify, Apple semble pouvoir se lancer dans l’achat de Shazam, l’application britannique de découverte musicale.

Le 18 septembre, nous saurons si la Commission européenne approuve l’acquisition ou si elle estime qu’Apple achète ce concurrent très riche en données pour l’exploiter à des fins d’information… ou pour le faire sortir du marché par la petite porte.

Entretemps YouTube Music a débarqué en Belgique. Grâce au machine learning, cette nouvelle application propose des playlists personnalisées sur base des données individuelles des utilisateurs, comme l’emplacement géographique et la météo.