Revue de presse 11/2018

Info - 17/12/2018

Retrouvez une sélection d'articles (de la presse internationale) sur le mouvement coopératif, le futur du travail, les tiers-lieux, les avancées sociales, l'économie de plateforme, l'art et la culture... et l'actualité de Smart.

Changer totalement de profession, ou bien cumuler plusieurs métiers ? C’était en novembre !

Oui, novembre et son automne, sa mélancolie… Mais oublions tout de suite ces poncifs, car c’était un mois agité de principes fondamentaux et d’événements marquants. Jugez plutôt : le Président Macron et le Roi Philippe en visite chez Smart-LaVallée à Bruxelles, la signature d’une charte internationale contre les violences domestiques, le lancement d’un tiers-lieu de 5000m² à Lille, mais aussi une étude fouillée sur les entrepreneurs de startups, des sondages et études par poignées (plutôt changer de carrière, ou cumuler plusieurs métiers?), le mois de l’économie solidaire, la semaine pour l’emploi des handicapés, l’attention qui se porte enfin sur les difficultés des autoentrepreneurs, les livreurs à qui la justice française vient de reconnaître le statut d’employé… et un monde de coopératives, leurs histoires et leurs espoirs d’un futur possible. Un matin à portée de main !

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Smart et InitiativesEtCité développent le Saint-So Bazaar à Lille : c’est lancé !

C’est énorme en taille et en chiffres, certes, mais ce sont les dimensions humaines, créatives et participatives qui y prendront le premier niveau d’importance. Présenté à la presse le 26 novembre dernier en présence de Martine Aubry et de Sandrino Graceffa, le Saint-So Bazaar va bientôt investir l’ancienne gare de marchandises Saint Sauveur à Lille. Ce sont 5000m² d’espaces partagés qui vont être dédiés à l’économie créative dans un nouveau modèle urbain et social. Un projet inédit pour lequel la longue expérience des tiers-lieux de Smart va forcément être mise à profit.

Après un appel de la ville qui fit réagir une trentaine de candidats en 2016, la coopérative Smart et InitiativesETcité ont été choisies et ont toutes deux signé un bail de 25 ans avec la Métropole de Lille pour développer une communauté ouverte aux entrepreneurs, artisans, artistes et aux initiatives citoyennes. Le site sera inauguré en février 2020. Le tempo est parfait.
http://www.lavoixdunord.fr/495803/article/2018-11-26/le-saint-so-bazaar-ouvre-la-voie-de-la-capitale-mondiale-du-design

 

C’était LE gros titre en novembre : le Président Macron et le Roi Philippe ont visité le coworking Smart-LaVallée

C’était un sujet croustillant pour la presse généraliste: « Macron à Molenbeek ! » pour la visite d’État en Belgique du président de la République française. Et ça n’a pas raté… les a priori ont résonné en tous sens. Mais dans chaque article, et il y en eut une centaine dans les journaux du monde entier, était inséré un paragraphe consacré aux espaces partagés de Smart-LaVallée, et aux grands axes de la coopérative. Bref, le 20 novembre, le Roi Philippe de Belgique avait choisi d’inviter le couple Macron à visiter l’espace de coworking ouvert en 2014 par la coopérative Smart, dans un dédale de 6000m2 de bureaux et d’ateliers.
« C’est un lieu de production mais aussi de diffusion où on peut montrer son travail à ses clients », expliquait à l’AFP Sandrino Graceffa, administrateur délégué de Smart. La philosophie de LaVallée, directement héritée des gènes de Smart, c’est la mutualisation à destination des travailleurs autonomes. « Avec LaVallée, c’est toute une microéconomie qui s’est enclenchée » ajoute Pierre Pevée au journal l’Avenir. « C’est pour ça qu’on évite l’hyperspécialisation du centre: une boîte de management de jazz va faire appel au graphiste pour illustrer une pochette et un avocat en droit d’auteur leur donnera bientôt ses conseils ».

      

Six articles, parmi les plus intéressants… ou insolites :

De Macrons waren te gast in het sociaal-artistieke centrum La Vallée, en bleven er langer dan gepland. « Inspirerend », vond de Franse president.
https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2018/11/20/macron-enthousiast-over-molenbeek/

Sandrino Graceffa au quotidien Le Soir : « il y a une volonté du Roi Philippe de venir en appui aux entrepreneurs sociaux ainsi qu’une vraie découverte de l’importance de l’économie sociale et solidaire dans les réponses qu’elle apporte au mieux vivre ensemble en Belgique »
https://plus.lesoir.be/189810/article/2018-11-13/molenbeek-lavallee-se-met-lheure-presidentielle

Deux articles remarquables sur la coopérative Smart et sur le centre Smart-LaVallée, signés Julien Rensonnet dans L’Avenir :
https://www.lavenir.net/cnt/dmf20181114_01256797/le-roi-invite-macron-a-molenbeek-dans-lavallee-des-merveilles-creative-on-visite-avant-eux
et
https://www.lavenir.net/cnt/dmf20181114_01256860/pourquoi-le-roi-invite-t-il-macron-a-lavallee-une-approche-entrepreneuriale-de-la-solidarite

Pierre Pevée, manager du lieu, s’exprimait juste avant l’événement dans la Dernière Heure.
http://www.dhnet.be/regions/bruxelles/les-details-de-la-visite-d-emmanuel-macron-a-molenbeek-5bec3a1acd70fdc91b6ec748

Côté international, outre des articles en Bulgarie et en Chine, remarquons une double page dans la presse péruvienne : « Le site de « LaVallée » a été ouvert en 2014 par « une petite association créée en 1998 pour aider les artistes à développer leurs activités », a expliqué Sandrino Graceffa, son administrateur. Vingt ans plus tard, elle se présente comme « la plus importante entreprise partagée de travailleurs autonomes en Europe », à qui elle offre « un cadre sécurisé et solidaire » pour exercer leur métier. L’association est désormais présente dans plus de 40 villes de neuf pays européens. »
https://elcomercio.pe/mundo/europa/emmanuel-macron-presidente-francia-visita-molenbeek-cuna-yihadismo-belgica-noticia-579260

 

Decode : « Smart est la réponse la plus structurée à l’ubérisation »

« Smart, a platform cooperative and an international network providing secured contractual solutions for freelancers of any kind, can be considered the most articulated and complete alternative to the ‘uberisation’ of the economy in Europe. »
Donc, « Smart est la réponse la plus structurée et complète à l’ubérisation de l’économie en Europe ». C’est un énorme rapport européen sur l’économie numérique destiné au CNRS qui l’affirme puis le démontre. Le projet Decode qui a réalisé cette étude consacre plus de six pages à la coopérative (186 et suivantes) dans le chapitre sur les alternatives utiles face aux géants du web-capitalisme : « Its mission is to promote forms of protection and mutualism for self-employed workers by using, on the one hand, already existing legal devices and, on the other hand, by inventing specific devices that are suitable for their needs. This is why the Smart experience, in the framework of the present research, is a hybrid between voice and exit. »
https://decodeproject.eu/publications/data-driven-disruptive-commons-based-models

C’était fin octobre, c’est vrai, mais les 25 et 26/10 se retrouvaient à Bruxelles les travailleurs des plateformes numériques de livraison de repas de toute l’Europe. « L’un des problèmes aujourd’hui, c’est que les gens se sentent impuissants dans leur « boulot à la con ». Les coopératives sont le moyen de réintroduire du sens dans le lieu de travail et de permettre aux gens de sentir qu’ils font partie de quelque chose. » Un article de Tom Cassauwers à lire en français, ou en anglais :
Fr : https://www.equaltimes.org/en-europe-les-cooperatives-de?lang=fr#.XAgRUPlo2mx
Eng : https://www.equaltimes.org/in-europe-food-delivery-coops-are?lang=en#.XAgSLflo2mx

Ces constats ont aussi été exprimés par les cinq intervenants du débat PlatformCoop Brussels organisé le 29 novembre par Smart, SAW-B et Febecoop. On y entendit Marina Aubert (Fit-My-Nest), Philippe Lovens (Urbike), Pierre Oldenhove (Wishare), Frédéric Chomé (Usitoo) et… Nathalie Devriese (Pwiic) : « Les plateformes numériques [classiques] proposent des services dont on ne veut pas, puis dépensent énormément d’argent en marketing pour faire croire que tout va bien. Nous on n’a pas à faire ça et on pourtant on a 60.000 membres. Donc on peut proposer des tarifs moins chers sans précariser les travailleurs ! » https://platformcoop.brussels

 

La part humaine ? Take back the economy relu sous la plume de Judith Wambacq

Réintroduire une part plus humaine dans le travail est une préoccupation qui concerne l’ensemble du monde industriel. Dans une longue et belle analyse du livre « Take back the economy » publiée sur le site DeWereldMorgen, la philosophe Judith Wambacq (chercheuse à l’Université de Gand) se penche sur cette (tout le monde comprendra) feministische kritiek op de kapitalistische economie en politiek : « Au lieu d’essayer de générer un maximum de profits le plus rapidement possible, le secteur financier doit commencer à penser à long terme et également investir dans des domaines non financiers ou moins rentables comme les soins de santé, l’éducation, le logement, les transports, etc. […] La démocratie, le bien-être social et l’économie durable sont une seule et même bataille. »
http://www.dewereldmorgen.be/artikel/2018/11/13/de-economie-herdenken

 

Relancer sa carrière : plutôt changer de métier, ou cumuler plusieurs professions ?

L’importance du virage professionnel est au cœur de nombreuses analyses présentées ces derniers jours. D’abord cette étude officielle Dares qui n’a jamais eu d’équivalent : « Changer de métier : quelles personnes et quels emplois sont concernés ? » dans laquelle on constate que 22% des personnes disposant d’un emploi stable ont malgré tout changé de métier. Parmi eux, une majorité de jeunes évidemment, mais aussi beaucoup de travailleurs ayant dépassé la cinquantaine… or ces derniers choisissent plus volontiers une profession très différente de leur emploi en cours.
https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2018-049v2.pdf

Changer de métier et lancer son projet d’entreprise, soit, mais quelles raisons justifient ces bifurcations parfois radicales ? Dans un article publié dans Challenges, Samy Arbane analyse l’évolution de la création d’entreprise ces dernières années. Freelance, autoentrepreneur, professionnel autonome… les mutations professionnelles s’accélèrent. Cet attrait de l’entrepreneuriat peut s’expliquer par plusieurs tendances de fond :
– L’envie de « slasher », d’occuper plusieurs postes dans l’espace et dans le temps. C’est la culture du zapping appliquée au monde professionnel.
– Le besoin de « contourner » les blocages du monde professionnel
– La critique de la hiérarchie, l’entrepreneuriat permet d’être son propre supérieur… à condition d’accepter la part de gestion (comptabilité, marketing) qui accompagne inévitablement le cœur de l’activité.
– La nécessité de laisser parler sa créativité afin de l’exprimer en situation professionnelle.
https://www.challenges.fr/vie-pratique/travail-independant-concilier-liberte-et-securite_626583

Un site français d’annonces professionnelles a effectué un sondage sur 130 000 utilisateurs inscrits sur sa plateforme. Or les conclusions sont tranchées : 47% des répondants seraient prêts à exercer différents métiers en même temps. Et gagner plus d’argent n’est pas leur motivation principale: pour 63% ce serait surtout pour « apprendre plus de choses et pouvoir réorienter sa carrière ». Fuyant la routine ou le « bullshit job », 40% aspirent à donner un sens à leur vie professionnelle.
https://www.lci.fr/emploi/un-francais-sur-deux-pret-a-etre-slasheur-et-avoir-plusieurs-metiers-en-meme-temps-etude-meteo-job-2104991.html

 

Créatrices et créateurs de startups, qui êtes-vous et comment vous financez-vous ?

Une enquête a été effectuée par Estimeo et Mazars entre juillet et octobre 2018, analysant plus de 2500 startups françaises : « Les startups Early Stage en France: pratiques et perspectives ». Un questionnaire leur a été proposé, qui aboutit à 217 réponses d’entrepreneurs.
Que faisaient donc les startuppeurs avant de lancer leur projet ? Les résultats démontrent une part importante d’anciens salariés du secteur privé (40%), d’entrepreneurs récidivistes (28%), et de jeunes diplômés (17%), mais, prises tranche par tranche, leurs sources de financement sont très différentes.
https://online.mazars.fr/etude-startup-early-stage

« Freelancing has gone mainstream » affirme la FastCompany: « Over the last five years–despite a tightening labor market offering them more full-time jobs -americans have increasingly chosen to freelance. Between 2014 and 2018, 3.7 million more people started freelancing. »
https://www.fastcompany.com/90251797/we-studied-freelancing-for-five-years-heres-how-work-is-changing

 

Smart a signé la charte du réseau CEASE contre les violences domestiques

En novembre c’était aussi le lancement par l’association PLS (Pour La Solidarité) du premier réseau européen d’entreprises engagées contre les violences domestiques et les violences liées aux genres. Les entreprises qui s’impliquent ont rejoint le réseau CEASE et signé sa charte. Plus de 15 organisations ont déjà signé ce texte, dont la coopérative Smart parmi les premières. Car le vécu de la violence privée ne s’arrête pas à la porte du bureau, tout comme le harcèlement ou la violence verbale.
http://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/dix-sept-organisations-unies-contre-les-violences-conjugales-5beef661cd70e3d2f6bc1b00

Et puisqu’on évoque les injustices liées au genre, voici un chiffre parlant auquel on ne s’habituera pas. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que l’équité soit la norme, car si on s’appuie sur les différences salariales constatées dans l’hexagone, du 6 novembre au 31 décembre de cette année les femmes travaillent… gratuitement.
https://www.franceinter.fr/societe/egalite-salariale-a-partir-du-6-novembre-15h35-les-femmes-travaillent-pour-rien

 

Le « Veroo » va-t-il sauter ?

La justice française confirme qu’un livreur est bien un employé ! Un coursier à vélo, contraint par son employeur à devenir autoentrepreneur, s’est vu reconnaître le statut de salarié par la justice. La Cour de cassation a reconnu que le livreur de repas à domicile était soumis à des contraintes qui créaient un lien réel de subordination à la plateforme, caractéristique du statut de salarié. La décision étant théoriquement transposable à toutes les entreprises du secteur, ce jugement a-t-il ouvert une brèche dans l’ubérisation ?
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2018/11/28/livraison-de-repas-la-justice-reconnait-un-lien-de-subordination-entre-take-eat-easy-et-un-coursier_5390045_1698637.html

Le Monde en profite pour reconsidérer de façon plus globale encore la perception et les difficultés des autoentrepreneurs et des travailleurs freelances. « Sous prétexte de modernité, l’autoentrepreneuriat peut être synonyme de précarité pour des personnes déjà fragilisées économiquement, contribuant par la même occasion à diminuer de façon substantielle les ressources de l’assurance-chômage. »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/01/autoentrepreneur-un-statut-a-ameliorer_5391298_3232.html

Jonglant entre les classifications existantes (employé ou indépendant), chaque pays européen avance ses solutions provisoires, mais créer une catégorie légale spécifique est-il un besoin criant ? S’exprimant dans NextConomy (webmédia belge entièrement consacré au secteur freelance), la nouvelle directrice-générale de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB/VBO) ne pense pas qu’il soit nécessaire d’élaborer un nouveau statut distinct pour les travailleurs autonomes. Selon Monica De Jonghe, il est plus urgent et important de moderniser le Droit du travail afin qu’un statut supplémentaire ne soit pas nécessaire pour pouvoir travailler de manière flexible.
https://www.nextconomy.be/2018/11/monica-de-jonghe-vbo-rigiditeit-van-het-arbeidsrecht-leidt-tot-keuze-voor-lossere-samenwerkingsvormen/

 

Semaine pour l’emploi des personnes handicapées

Du 19 au 25 novembre c’était la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (#SEEPH2018) car entre les préjugés caricaturaux et les infrastructures inadaptées, la recherche d’un travail est souvent une épreuve insensée pour les personnes à mobilité réduite, malvoyantes ou vivant d’autres types de handicap. Et si vous êtes une femme en situation de handicap, les obstacles et les discriminations sont encore plus rudes.
http://www.semaine-emploi-handicap.com/edition-2018

En France, la ministre du travail Muriel Pénicaud a signé avec plusieurs associations de défense des handicapés, un engagement mutuel pour développer l’emploi dans les entreprises adaptées. Objectif : doubler, en quatre ans, les créations d’emplois, qui passeront à 80.000.
https://www.franceinter.fr/economie/handicap-des-entreprises-adaptees-et-des-contrats-dedies-pour-relancer-l-emploi

LCI propose de mieux comprendre la situation en dix points courts et clairs. Entre autres, deux associations, LADAPT et la FDFA, viennent de lancer le site #TousCitoyennes. Elles veulent mettre la lumière sur les femmes qui doivent dépasser une double discrimination.
https://www.lci.fr/emploi/semaine-pour-l-emploi-des-personnes-handicapees-les-10-commandements-pour-mettre-la-mobilisation-a-profit-seeph-2018-2104947.html

De son côté, le Huffington Post s’intéresse à l’handiprenariat. Rejetées du monde du travail qui ne leur ouvre pas suffisamment ses portes, les personnes handicapées pourraient être stimulées dans leurs démarches de création d’entreprises par des évolutions législatives dont la Loi Pacte, la création d’un statut protégé, et la prise en charge par la Banque Publique d’Investissements des prêts ou des fonds d’amorçage.
https://www.huffingtonpost.fr/jean-philippe-murat/3-conditions-pour-mieux-integrer-les-entrepreneurs-handicapes-au-monde-du-travail_a_23582760/

 

Il y avait tant de sujets, tant d’articles et de réflexions utiles… c’était un novembre passionnant. On continue ? La prochaine revue revient en janvier. D’ici-là, un superbe décembre à toutes et tous, et un pétillant Nouvel An 2019!