Revue de presse 10/2018

Info - 16/11/2018

Chaque mois, retrouvez une sélection (multilingue) d'articles sur le travail, la protection sociale, les technologies et le travail, l’art et la culture et l’économie sociale.


Plateformes, disruption et marxisme dans le monde

Octobre a connu une avalanche d’articles sur l’économie de plateforme, voici notre sélection.

Le think tank JP Morgan Chase Institute a sorti une étude sur l’économie de plateforme aux États-Unis. Quelques conclusions importantes : les revenus de l’économie de plateforme ne remplacent pas les revenus de sources plus traditionnelles, ils ne représentent que 20% des ressources d’une famille. En outre, les revenus dans le secteur du transport de personnes et de la livraison ont diminué de 53% entre 2013 et 2017, essentiellement à cause de l’augmentation du nombre de chauffeurs.

Travaillant sur un autre angle, l’Organisation Internationale du Travail a également publié le résultat d’une longue observation sectorielle des plateformes : Digital labour platforms and the future of work. Towards decent work in the online world. Cette analyse décrit les conditions de travail des crowdworkers, les risques qu’ils courent (pas d’assurance contre les impayés), la rémunération (à peine 2 dollars de l’heure sur le « Mechanical Turk » d’Amazon), l’accès à la protection sociale qui reste problématique ou inexistant. L’étude se conclut sur une liste de recommandations pour progresser vers des microtâches plus justes et protégées (fairer microwork), parmi lesquelles :

  • une reconnaissance des travailleurs en tant qu’employés plutôt qu’indépendants, leur garantissant ainsi les droits et protections adéquats ;
  • l’élection de représentants des travailleurs, et une négociation collective par l’intermédiaire de syndicats ou d’autres organismes, qu’il existe une relation de salariat ou non ;
  • des salaires minimaux pour les travailleurs employés, et une tarification plus juste pour les indépendants ;
  • des conditions de paiement et de tarification transparentes ;

Finalement, il n’est pas très étonnant que Bloomberg, média spécialisé dans l’économie et la finance, identifie les travailleurs de plateformes comme le nouveau prolétariat. Karl Marx est même évoqué, car ces travailleurs ne possèdent aucun des moyens de production, et sont appauvris par l’arrivée massive et implacable de l’automatisation.

« Au Nigéria, en Inde, en Malaisie, en Afrique du Sud, ils étiquettent et rangent des images, rédigent des brèves, identifient des objets sur des photos prises dans des villes où ils n’ont jamais mis les pieds. » Le Digital Society Forum donne la parole à Mark Graham, professeur de « géographie d’Internet » à l’université d’Oxford et fondateur de Fairwork. Cette fondation tente de traduire les principes du travail équitable en standards opérationnels, afin de créer un certificat pour plateformes, pour que les consommateurs puissent savoir lesquelles utiliser et lesquelles éviter.

Une mission cruciale, sachant que Uber a prévu de causer encore plus de troubles sur le marché du travail: la plateforme développe désormais une application qui met en relation les entreprises avec du personnel indépendant et disponible. « Une telle plateforme ferait office d’agence d’intérim à la seule différence que les périodes de travail visées sont plus courtes. », article puisé dans le supplément Geeko du journal Le Soir.

 

Plateformes, disruption et concertation en Belgique

Certaines grandes marques de l’économie de plateforme ont créé des dégâts sociaux et financiers catastrophiques pour les travailleurs et prestataires impliqués en Belgique.

Entre autres, l’affaire qui a entouré la volte-face de Deliveroo en 2017 a provoqué des souffrances sociales qui s’éternisent. La nouveauté de l’été, la rémunération à distance, lui permet « d’appliquer chaque mois un tarif plus bas pour une même course, sans aucune concertation ni visibilité pour le coursier » explique Jean-Bernard Robillard, ancien livreur, dans une carte blanche parue dans le journal Le Soir.

AlterSummit, réseau européen qui rassemble des syndicats et des mouvements sociaux, s’est réuni en Belgique pour se battre contre les conditions de travail qu’ils estiment « déplorables, dangereuses, sous-payées et sous protégées » des coursiers.

L’auditorat du travail de Bruxelles a interrogé certains de ces livreurs pour vérifier la légalité du modèle de Deliveroo, Le Soir s’en est aussi fait l’écho.

Enfin, toujours dans Le Soir, Sandrino Graceffa, administrateur délégué de Smart, a cosigné un appel à plus de cohérence concernant la nouvelle start-up bruxelloise Cowboy qui a réussi à lever la somme impressionnante de 10 millions d’euros. Mais derrière ce projet de vélos électriques, on retrouve notamment les fondateurs de Take Eat Easy, la plateforme de livraison qui avait fait une bruyante et coûteuse faillite en 2016. « Ces cow-boys dont on vante le goût de l’aventure ont tout de même laissé derrière eux une lourde ardoise dont nous sommes nombreux à avoir payé le montant à leur place », nous rappellent Sandrino, Jérôme Pimot de l’association française Clap75, Frank Moreels, président de l’Union belge du transport-FGTB et Martin Willems de la CNE-GNC.

Culture et finance

Recto Verso evalueert de tax shelter. De uitbreiding van de film naar de podiumkunstensector onder impuls van liberaal vlaams Minister van cultuur Sven Gatz wordt door de auteur, een filmproducent, gezien als een manier om de overheidsmiddelen voor cultuur terug te schroeven. De instroom van privégeld zorgt daarbij voor een verminderde publieke rol van de cultuursector. Bovendien zijn tussenpersonen van de private sector zoals Taxshelter.be van ING en BNP Paribas Fortis Film Finance noodzakelijk om het complexe proces in goede banen te leiden. Zij gaan zo aan de haal met 14,41% van de tax shelter middelen. Kunstenaars blijven in een précaire situatie en er is sprake van een matteüseffect.

La Commission européenne veut moderniser la TVA dans l’économie digitale et a approuvé des taux de TVA réduits pour les e-books et la presse digitale. Source: Euractiv.

Les coopératives, les défis des freelances, un nouveau leadership … Smart soutient et adhère

Les passages de Smart sur d’autres continents ne sont pas passés inaperçus.

Au Québec, le projet Smart « suscite déjà un intérêt certain dans la communauté des micro-entrepreneurs et travailleurs autonomes du Plateau portée sur l’innovation sociale et l’économie solidaire. Reste à voir si un projet émanant d’une coopérative étrangère réussira à faire sa place dans l’écosystème tricoté serré du réseau coopératif québécois », à lire dans Le Plateau Pamplemousse.

Durant la semaine du 12 au 21 octobre, Smart a participé pour la seconde année à l’European Freelancers Week, événement rassemblant des dizaines de débats et tables rondes partout en Europe. Dans un article paru pour l’occasion, Sarah de Heusch (Smart) explique comment le concept de travailleur freelance peut être mesuré et considéré de nombreuses façons différentes.

La démocratie en entreprise sous la loupe de la revue Recma: « Le débat sur les choix de gestion dans un jeu coopératif complexe débouche sur une  appréhension originale du rapport à la propriété. » La Revue internationale de l’Économie Sociale analyse la négociation permanente dans la Scop Coopaname, partenaire de Smart en France.

Le monde entier se tourne progressivement vers les coopératives! Smart a eu l’honneur d’être impliqué dans le lancement du Groupe de réflexion international sur l’entrepreneuriat coopératif (ICETT: International Cooperative Entrepreneurship Think Tank) porté par l’Alliance coopérative internationale  lors de son assemblée du 22 octobre à Buenos Aires en Argentine. L’administrateur délégué de Smart, Sandrino Graceffa, est intervenu pour soutenir la création du think tank tout en pointant certains éléments clés en matière d’objectifs et de méthodes de travail pour guider les futurs travaux de ce groupe de réflexion.

Dans une analyse parue sur son site, le célèbre cabinet américain de conseil en stratégie McKinsey explique comment les entreprises les plus flexibles et rapides sont mieux équipées pour l’avenir. Ces organisations sont à la fois stables et dynamiques, elles se concentrent sur les clients, s’adaptent de manière fluide aux changements environnementaux et sont ouvertes, inclusives et non hiérarchiques. Ce nouveau type d’organisation « agile » nécessite une forme de gestion fondamentalement différente. Désormais, les dirigeants devront faire preuve d’un état d’esprit créatif axé sur la découverte, rechercher la diversité des idées, favoriser les conflits créatifs, accepter les risques, et oser expérimenter. De l’autorité au partenariat: favoriser la collaboration basée sur la liberté, la confiance et la responsabilité.

Un deuxième article publié dans la section « Insights » de McKinsey liste quatre propositions que les dirigeants peuvent mettre en place pour créer plus de sens au travail pour leurs employés. Les « bullshit jobs » ne sont pas une fatalité: les moyens de mieux impliquer les travailleurs existent.

Combattre la pauvreté avec l’innovation digitale et sociale

Aux États-Unis, sur The Real News Network, un article nuance le discours du gouvernement américain qui se félicite d’un taux de chômage ramené à 3,9%. L’Institute for Policy Studies and the Poor People’s Campaign signale que 44% des emplois créés entre 2010 et2014 étaient en fait des emplois à bas salaire. Seuls 26% étaient situés dans la tranche moyenne des revenus. En outre, 140 millions de personnes se trouvent dans une situation précaire, au lieu des 41 millions mesurés par le gouvernement.

De Tijd rappoort ook over het onderwerp. Ze vermelden de raming van het Bureau of Labor Statistics dat vermeldt dat de werkloosheidsgraad in september is gedaald tot 3,7 procent, een nieuw diepterecord sinds eind 1969. Nuance is echter ook hier aan de orde, er is namelijk geen loonstijging, doch een krapte op de markt en tot slot zijn er verdere renteverhogingen op komst.

Penchons-nous un instant sur le salaire universel (ou allocation universelle, ou revenu de base, selon le terme choisi), concept peu à peu expérimenté partout dans le monde et envisagé comme une des solutions potentielles pour évoluer vers une protection sociale plus juste, et vers une société plus heureuse. BIEN, une organisation qui documente toutes les théories et pratiques sur le sujet, nous informe que le Secrétaire général des Nations unies en a approuvé le principe lors de leur Assemblée générale.

En France, ce concept de salaire universel et inconditionnel est au centre d’un profond désaccord entre l’ex-candidat à la présidentielle Benoît Hamon et l’actuel président de la République Emmanuel Macron. Hamon accuse le président de cynisme car il maintient le RSA, un programme destiné à combattre la pauvreté mais qui est difficilement accessible et nécessite beaucoup de contrôles ou d’étapes de validation. Benoît Hamon dénonce l’attitude incohérente du gouvernement français toujours plus souple envers les millionnaires et les grandes entreprises.

Barcelone joue depuis des années un rôle pionnier dans l’innovation sociale et l’économie de partage. Lisez dans El Périodico comment la nouvelle monnaie REC (pour Ressource Économique Citoyenne) a été introduite pour favoriser l’économie de proximité et combattre la pauvreté au travers du programme B-INCOME.

Une autre tentative pour diminuer les inégalités de pouvoir dans le monde nous vient de l’inventeur principal du world wide web (et président du W3C), Tim Berners-Lee. Associé à l’entrepreneur John Bruce, il veut relancer l’adoption du projet Web décentralisé appelé Solid, par le truchement d’une nouvelle entreprise: « Inrupt », selon le journal The Inquirer.

Terminons dans le fracas des GAFA… la Commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, ouvre une enquête sur Amazon pour vérifier si le géant de la vente utilise les données recueillies auprès des utilisateurs de sa plateforme d’e-commerce pour promouvoir ses propres produits et par conséquent profiter d’un énorme avantage commercial. Amazon peut-elle s’attendre à une amende énorme, comme Google qui a dû payer 4,34 milliards de dollars en juillet dernier? Une hypothèse tout à fait envisagée par le principal média dédié aux politiques de l’Union européenne, Euractiv.

C’était octobre! Le mois prochain on évoquera le Coöperantenfestival à Gand, l’événement Smart-cities à Barcelone, le Roi des Belges et le Président des Français, les espaces de travail partagés initiés par Smart, et une charte contre les violences domestiques à laquelle la coopérative apporte son adhésion et son soutien.

 


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