Marco Gorges
Construire une carrière… à bout de bras !

Aujourd’hui professionnel du spectacle, porteur en trio acrobatique et basé à Lille, Marco Gorges a d’abord vécu 23 ans en Allemagne à Darmstadt, étudiant très sportif et licencié en mathématique. “Je ne connaissais pas l’existence d’écoles de cirque car il n’y en a qu’une seule à Berlin.” Mais peu après il découvre qu’il y a dans ce domaine beaucoup plus d’opportunités à l’étranger, comme en France. Sans hésiter une seconde, il quitte tout et déménage à Lille pour entrer en formation au Centre régional des arts du cirque (www.centreregionaldesartsducirque.com). Au cours de ces années d’apprentissage et de classes, il rencontre Lisa Barrett, David Aubé et Simon Berger. Ensemble ils vont créer le “Collectif PourquoiPas”, une jeune troupe de cirque vivant, acrobatique et musical.


 

Marco Gorges
Artiste de cirque, Porteur-acrobate en trio dans le Collectif PourquoiPas.
28 ans
Lille, Hauts de France
Inscrit chez Smart depuis 2017




Interview

Pourquoi avoir commencé le cirque ?

J’ai pratiqué beaucoup de sports différents dans ma vie, mais la notion de compétition me gênait. Il n’y avait pas assez d’entraide, de collectivité. J’ai découvert le cirque à 21 ans grâce à un groupe universitaire qui proposait de travailler sur des portés acrobatiques ensemble en s’amusant, en loisir, sans chercher le niveau de performance exigé sur une scène. Puis j’ai rencontré Daniel Mathez, le porteur de Reynald Valleron (*), qui m’a motivé à en faire un métier. Je suis maintenant porteur en trio.

(* célèbre duo d’acrobates issus du Centre national des arts du cirque. Aujourd’hui, Daniel Mathez collabore au Circus Waldoni à Darmstadt, et Reynald Valleron enseigne à l’école du cirque Jules Verne à Amiens.)

C'est hyper sportif comme discipline. Ça demande un travail de musculation permanente ?

Dans les périodes de tournée et de spectacles, je n’ai pas besoin d’entraînement physique supplémentaire. Mais en dehors il faut rester fort pour ne pas se blesser, surtout pour un porteur ! Il faut maintenir et conserver sa forme physique pour réussir les bonnes positions et ne pas se faire mal quand nous nous y remettons à fond. Il faut planifier sur une longue durée pour être prêt à tout moment, contrairement au sport où il y a un pic à atteindre au moment de la compétition.

On connaît le cirque à grand spectacle, le cirque plus intimiste et poétique, le cirque de rue… dans quelle catégorie vous situez-vous ?

Avec le Collectif PourquoiPas – Lisa, David, Simon et moi – on fait du cirque de rue. On a un spectacle pour l’extérieur « La Volonté des Cuisses », qu’on a créé à quatre et dont on a fait toute la production et le démarchage. Cet hiver on a voulu le retravailler avec un regard supplémentaire, Camille Richard de la compagnie Lézartikal, et ça s’est très bien passé. Ça a apporté de la finesse et de la fluidité dans le spectacle, dans les personnages surtout. Car on était très bien formés au niveau de la technique des portés acrobatiques, mais la scénographie et la dramaturgie n’étaient pas nos points forts ensemble. Il a remis l’accent sur la mise en scène de ce spectacle qui avait été déjà éprouvé sur une vingtaine de dates en amont.

Puis on a un autre spectacle qui se donne en intérieur, qui a été mis en scène par Laura Van Hal : « Lef ! ». Pour celui-ci nous nous sommes présentés sur audition, le projet existait déjà. On a fait une tournée aux Pays Bas et en Belgique. C’est différent, car il y a une production derrière qui s’occupe de la communication et de la vente.

 

Acrobate en équilibre… et budget en équilibre !

 
Mener une compagnie, c’est trouver de nouvelles dates de spectacles tout le temps. Comment travaille-t-on son réseau, comment fait-on parler de soi ?
 

Il faut appeler, jouer dans des petits festivals, inviter des gens à venir voir son spectacle et pour discuter d’éventuels soutiens. Et puis dire qu’on croit en ce qu’on fait, qu’on est confiants.

Il y avait aussi des gens qu’on connaissait déjà de nos quatre parcours passés. Donc de quatre réseaux, de sphères différentes qui se rencontraient autour de notre spectacle.

 

On avait faim !

 
Qui a initié votre groupe et votre complicité ?
 

Au départ, c’est grâce à l’école qu’on s’est rencontrés alors que nous ne parlions pas du tout les mêmes langues. C’est l’école qui a proposé de tester quelque-chose ensemble en supposant que ça allait marcher entre nous alors qu’à la base nous venions chacune et chacun avec notre projet de faire des portés ou de la jonglerie. Le jump s’est fait immédiatement, avant même la fin de la première année. À partir de là nous avons fait trois ans de portés ensemble.

Nous sommes sortis en 2017 de l’école et sommes actifs depuis lors. Nous avons déjà deux spectacles produits et un troisième en coproduction. On avait faim !

Vous avez plusieurs casquettes dans ce spectacle. Combien de métiers drainez-vous entre vous et autour de vous ?
 

Depuis peu nous travaillons avec Isabelle Trinquesse, notre diffuseuse. Nous espérons que ça va nous aider pour la tournée car nous avons déjà pas mal de travail à gérer. Moi je suis plutôt sur l’administration, donc en lien permanent avec Smart, et David plus sur la diffusion.

Après il y a les costumes à faire. Lisa s’est occupée de cette partie, mais on collabore aussi avec une costumière qui nous fait le rendu final. Ensuite il y a Simon qui écrit la musique pour le spectacle.

Vous jouez en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique, c’est très international. Comment ça se passe côté Smart pour la gestion d’autant de clients à l’étranger ?
 

Ça nous permet de très bien faire valoir ces dates dans le système français, car passer par Smart c’est rentrer dans une facilité d’organisation au point de vue des assurances et de toutes les déclarations dont on ne doit pas s’occuper comme des autoentrepreneurs le devraient. Nous, nous sommes intermittents du spectacle !

 

Je gère tout ça depuis mon portable, d’un doigt

 
Avez-vous dû beaucoup réfléchir aux moyens de constituer vos statuts et votre collectif ?
 

Une représentante de Smart à Lille est venue nous parler des services de la coopérative lorsque nous étions en 3ème année. On s’est dit que c’était une opportunité pour ne pas devoir se charger d’une nouvelle structure à créer. Nous avons donc tout de suite créé une activité à trois, dont j’ai été le gestionnaire. C’est moi qui m’occupe de ces côtés dans le collectif. On a défini les rôles en cours de formation selon les facilités de chacun. Ça s’est bien passé. Un conseiller de Lille m’a tout expliqué lors d’un premier entretien. J’ai trouvé cela très facile à comprendre, à intégrer pour notre activité professionnelle.

Surtout la facturation et le système très clair des paiements et des budgets, ainsi que l’assurance d’être payés en temps en en heure sans devoir courir derrière d’éventuels mauvais payeurs. Normalement c’est un gros travail, heureusement que c’est eux qui s’occupent de ça.

Je gère tout ça depuis mon portable, d’un doigt, jusqu’à la signature électronique. Je ne dois pas chercher une imprimante, j’envoie tout par mail, il n’y a pas de papier gaspillé. Tout s’est toujours bien passé, il n’y a jamais de problèmes avec les contrats.

Si on avait été obligés d’être indépendants, on aurait tout de suite dû créer une association, trouver un bureau, des gens qui veulent soutenir le projet et travailler avec nous, qui se sentent impliqués. On aurait eu du mal à trouver tout de suite car c’est une question de rencontres surtout, et cela c’est le fait de jouer partout qui nous l’apporte. Donc l’apport de Smart là-dedans, c’est nous permettre de nous lancer tout de suite, dès le début sans devoir se prendre la tête sur des questions législatives et administratives. Les informations sont claires dans l’accompagnement qu’offre Smart. Après, petit à petit, en faisant, tu comprends.

Et sur l’aspect des assurances, par rapport aux risques de votre métier ?
 

Nous avons une déclaration préalable au travail, que Smart fait automatiquement lors de la rédaction du contrat de travail. Par cela, tu es couvert. Par exemple je me suis luxé le doigt en décembre en me préparant pour un spectacle, et ça c’était couvert par l’assurance : c’était un accident de travail. Ça a été très rapide à régler.

 
Quels projets artistiques pour 2019, 2020 et au-delà ?
 

Nous avons surtout la volonté de faire grandir et faire tourner « La Volonté des Cuisses », en extérieur et intérieur. Car « Lef ! » (avec Laura Van Hal) va s’arrêter cette année. Après, nous avons une idée d’un autre spectacle en intérieur. On est encore en phase de réflexion.